[Cannes 2025] L’actrice Fan Bingbing serait « méconnaissable » dans le film MOTHER BHUMI

Longtemps absente du paysage cinématographique chinois après un scandale fiscal retentissant, Fan Bingbing amorce un retour saisissant dans Mother Bhumi, un drame malaisien mis en scène par le réalisateur Chong Keat Aun. Selon Variety, la société basée à Beijing, Rediance vient d’en acquérir les droits mondiaux à l’approche du Marché du Film de Cannes, où une première image exclusive a été dévoilée aux acheteurs.

Dans ce nouveau film, Fan Bingbing incarne Hong Im, une paysanne veuve qui mène une double vie entre les rizières qu’elle cultive le jour et les rituels de guérison qu’elle administre la nuit aux villageois. Lorsqu’elle découvre des vérités enfouies concernant la mort de son mari, son quotidien bascule. Le film met également en vedette Natalie Hsu (vue récemment dans Last Song For You, Peg O’My Heart et Cesium Fallout) et Bai Run-yin (Old Fox) dans les rôles de ses enfants.

Ce rôle marque un tournant radical dans la carrière de Fan Bingbing, connue autrefois pour ses rôles dans Lost in Beijing, Buddha MountainI Am Not Madame Bovary ou encore aux côtés de Jackie Chan dans Shinjuku Incident et Skiptrace (La Filature sur Netflix). Pour se glisser dans la peau de cette femme du peuple, l’actrice a non seulement accepté de casser son image glamour, mais a aussi pris six kilos afin de se conformer physiquement au personnage. Elle subit une transformation si complète que, selon ses propres mots, « certains amis ne me reconnaissaient pas sur le plateau ». Une implication totale qui contraste avec l’éclipse médiatique dont elle sort péniblement.

En 2018, Fan Bingbing avait été au cœur d’un scandale retentissant, impliquée dans une affaire de « contrats yin-yang »* révélant une fraude fiscale massive. Bien qu’elle ait évité des poursuites pénales après avoir payé plus de 880 millions de yuans (plus de 120M$) en taxes et amendes, conformément aux directives des autorités chinoises, elle avait depuis été exclue des écrans et des productions du continent. Évoquant récemment sa traversée du désert lors du Festival de Berlin 2024, elle confiait : « Cinq ans sans tourner, c’est très cruel pour un acteur ou une actrice. »

C’est au détour d’un séjour en Malaisie, où elle était nommée ambassadrice du tourisme, que Fan Bingbing a personnellement sollicité une rencontre avec Chong Keat Aun, dont elle admirait le style cinématographique. Cette prise de contact informelle a été l’élément déclencheur de leur collaboration. Lors de la conférence de presse du film en octobre dernier en Malaisie, le réalisateur a confié qu’à leur première rencontre, il avait été frappé par la beauté de l’actrice : « Cette femme est si belle… Si je la filme telle quelle, les spectateurs ne verront que sa beauté et oublieront l’histoire. » Lui qui d’ordinaire se méfie des comédiens à l’aura trop marquée a été surpris par la réaction de Fan. « Je suis une star sur les tapis rouges et en festival, mais dans un film, tu peux me salir, me rendre négligée : fais ce que tu veux. » Une déclaration qui a rassuré Chong de lui confier le rôle, en toute liberté.

Avec Mother Bhumi, Chong Keat Aun poursuit une œuvre marquée par l’ancrage dans les traditions du Sud-Est asiatique et une attention aux voix marginalisées. Révélé par The Story of Southern Islet (2020), il a été primé aux Golden Horse Awards et au Festival de Hong Kong, avant de signer Snow in Midsummer (Venise 2023) et Pavane for an Infant, présenté à Tokyo.

La production de Mother Bhumi réunit les sociétés malaisiennes Sunstrong Entertainment et Southern Islet Pictures, ainsi que l’italienne Volos Films Italia. Parmi les producteurs : Wong Kew Soon, Stefano Centini et Zoey Teng, avec Walter Fasano (Call Me by Your Name) en tant que consultant au montage.

Du côté de la société chinoise Rediance, qui accompagnera le film à Cannes, l’enthousiasme est clair. « Nous sommes fascinés par l’évolution du cinéma de Chong et captivés par la performance de Fan Bingbing, qui redéfinit ici sa carrière », affirme le PDG Meng Xie.

*Les contrats dits « yin-yang », ou contrats jumeaux, désignent une pratique frauduleuse consistant à établir deux versions d’un même contrat : l’un reflétant la véritable rémunération convenue entre les parties, l’autre – aux montants artificiellement réduits – étant destiné à tromper les autorités fiscales afin de payer moins d’impôts.

À Propos de Tirry

Créateur et rédacteur en chef de Celestial Empire, connu également pour être le tenancier du site Jackie Chan France

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