Peter Chan Ho-sun ressuscite un fait divers oublié avec She’s Got No Name, une ambitieuse fresque historique et judiciaire dont la sortie se fera en deux temps. Le 20 mai dernier, il a été annoncé que ce récit haletant sera divisé en deux films. Le premier volet, centré sur le crime et ses mystères, sera présenté en avant-première mondiale le 14 juin 2025 en ouverture du 27e Festival international du film de Shanghai, avant sa sortie dans les salles chinoises le 21 juin.
L’intrigue, inspirée d’une affaire réelle survenue en 1945 dans le Shanghai de la République de Chine, met en lumière le meurtre macabre commis par une femme sur son mari violent, retrouvé sans tête. Un fait divers qui avait à l’époque défrayé la chronique. Avec She’s Got No Name, Peter Chan choisit d’explorer cette tragédie à travers une approche stylisée et chorale, en s’entourant de comédiens et de comédiennes parmi les plus en vue du cinéma chinois contemporain.
Dans une bande-annonce à l’esthétique soigneusement travaillée, le spectateur suit les pas de Zhan Zhoushi (Zhang Ziyi), figure centrale de ce drame, déambulant dans un Shanghai sombre et étouffant, vêtue d’un qipao maculé de sang. Les habitants du quartier, à la fois curieux, soupçonneux et inquiets, observent en silence cette femme marquée par le destin. La mise en scène accentue l’angoisse : couloirs plongés dans l’ombre, escaliers de pierre usés, ruelles humides, valise ensanglantée… La tension monte à mesure que les protagonistes apparaissent, chacun porteur d’un fragment de vérité ou de soupçon.
La production a également dévoilé une affiche mettant en lumière le corps du mari sans tête et son fantôme interprété par le toujours impeccable Wang Chuanjun. À ses côtés, sa femme Zhang Ziyi au regard impénétrable, marquée par des blessures physiques autant que morales. Les autres personnages clés apparaissent dans toute la diversité de leurs attitudes face au crime : « le borgne » joué par le méconnaissable et prodigieux Jackson Yee, qui perçoit ce que les autres ignorent ; Xilin interprété par Zanilia Zhao, lointaine et absorbée ; Xue Zhiwu (Lei Jiayin), grave et tendu ; ou encore Wang Xumei (Yang Mi), pleine de rancœur.
Le film réunit également Mei Ting, Peng Yuchang, Da Peng et bien d’autres. Vous l’aurez compris : un casting choral et prestigieux au service d’un fait divers qui avait, en son temps, bouleversé les esprits.
Au-delà de la seule reconstitution judiciaire, le film s’annonce comme une fresque humaine portée par les échos de la guerre, du patriarcat, de la pauvreté et des silences de l’époque. L’ensemble du décor a été recréé à Shanghai, dans un souci extrême de fidélité historique — chaque objet, chaque vêtement, chaque façade a été restauré ou fabriqué selon les techniques de l’époque.
Déjà présenté hors compétition au Festival de Cannes 2024, She’s Got No Name s’annonce comme un projet majeur du cinéma chinois contemporain, mêlant grande distribution, contexte historique riche et mise en scène tendue. Tandis que ce premier film lèvera le voile sur les faits, le second volet promet d’explorer les répercussions sociales et morales d’un crime qui a bouleversé une génération.