Le cinéma hongkongais vient de perdre l’un de ses artisans majeurs. Tang Chia, également connu sous le nom de Tong Kai et né Wong Tong, est décédé à l’âge de 88 ans après une chute mortelle survenue le 23 juin à Tsim Sha Tsui à Hong-Kong. D’après les premières constatations, il serait tombé du toit d’un immeuble situé à l’angle des rues Austin et Pine Hill. Aucun mot n’a été retrouvé sur place, mais il aurait été profondément affecté par l’état de santé de son épouse, l’actrice Suet Nei, récemment hospitalisée pour un cancer du pancréas.

Tang Chia fut l’un des chorégraphes les plus influents du cinéma d’arts martiaux hongkongais. Disciple de Yuen Siu Tin (le père de Yuen Woo-Ping), il devint le collaborateur régulier de Chang Cheh et de la Shaw Brothers dès les années 1960, avant de réaliser plusieurs films aux débuts des années 1980 avec Shaolin Prince, Shaolin Intruders, Lightning Fists of Shaolin. Il rejoignit ensuite TVB en tant que directeur des scènes d’action. Son dernier travail marquant pour le cinéma fut Green Snake (1993) de Tsui Hark.
Au fil de sa carrière, il a été crédité dans près de 200 films en tant que chorégraphe ou coordinateur de cascades. Tang Chia a imposé un style précis, fluide et inventif, influençant durablement l’esthétique du wuxia. Parmi ses créations les plus notables, on retient l’arme circulaire conçue pour Ti Lung dans The Magic Blade, qui tournait à 360° pour souligner la vitesse extrême du personnage. Ti Lung, bouleversé, lui a rendu hommage : « Il faisait tout avec sérieux, pour sa famille, sa carrière, ses amis. Je n’oublierai jamais sa gentillesse. »
Tang Chia partageait sa vie avec Suet Nei, actrice emblématique du cinéma cantonais. Ensemble depuis plus de cinquante ans, ils formaient un couple discret et uni, longtemps considéré comme exemplaire dans le milieu artistique.

Ses anciens collègues, dont Chin Kar Lok, Bowie Wu ou Anita Tam, se sont dits choqués par la nouvelle. Le 24 juin au matin, son fils et plusieurs proches se sont rendus à la morgue publique de Kwai Chung pour l’identification du corps, quittant les lieux sans faire de déclaration.
Tang Chia laisse derrière lui un héritage immense, tant par la richesse de son œuvre que par la rigueur de son engagement. Il restera comme l’un des grands maîtres d’armes du cinéma hongkongais.
