Le cinéma hongkongais perd une autre de ses figures emblématiques. L’actrice Suet Nei, star du cinéma cantonais des années 1960 et épouse du chorégraphe légendaire Tang Chia, est décédée ce 3 juillet, seulement dix jours après la disparition tragique de son mari. Elle avait été hospitalisée depuis plusieurs semaines pour un cancer du pancréas.
Muse d’une époque révolue, Suet Nei avait marqué de son élégance et de sa vivacité une soixantaine de films dans les années 1960, au sein du cinéma alors en pleine effervescence. Elle s’était notamment illustrée dans des rôles d’héroïnes de wuxia, avant de se retirer temporairement de la scène après son mariage avec Tang Chia, qu’elle avait rencontré sur le tournage de The Dark Heroine Mu Lanhua en 1966.

Le couple, uni à la ville comme à l’écran, formait un tandem discret mais admiré dans le milieu. Mariés depuis plus de cinquante ans, ils avaient quitté le monde du spectacle pendant un temps pour s’installer au Canada, avant de revenir à Hong Kong dans les années 1990.
En 1995, Suet Nei fait l’une des dernières apparitions au cinéma dans le chef-d’œuvre The Blade de Tsui Hark. Dans ce film de sabre halluciné et viscéral, c’est elle qui ferme le récit, dans un dernier instant empreint de solitude et de résignation, qui pose un regard profondément mélancolique sur l’amour, la violence et l’irréversibilité du temps. Une sortie discrète, mais marquante, à l’image de sa carrière.
Lors du retour de Suet Nei à la télévision, Tang Chia l’accompagnait systématiquement sur les plateaux, veillant sur elle avec une affection constante, notamment après qu’elle ait perdu l’audition d’une oreille.

Jouant régulièrement dans des séries pour la TVB, Suet Nei avait officiellement pris sa retraite en 2020 en raison de problèmes de santé. Sa disparition intervient alors que la communauté artistique pleure encore celle de son époux, Tang Chia, mort le 23 juin dernier dans des circonstances tragiques. D’après certains proches, il avait confié son désespoir face à la maladie de sa femme, qu’il ne supportait pas de voir souffrir.
En disparaissant à dix jours d’intervalle, Suet Nei et Tang Chia emportent avec eux une part de l’histoire du cinéma de Hong Kong — celle d’un âge d’or fait d’élan, de beauté, de fidélité aussi. Leur disparition résonne comme un dernier acte, silencieux et bouleversant, d’une vie vécue à deux jusqu’au bout.
