Vingt-cinq ans après sa sortie, Yi Yi d’Edward Yang, revient sur les écrans français le 6 août dans une somptueuse restauration 4K inédite par l’intermédiaire de Carlotta. Monument du cinéma taïwanais, ce film-somme n’avait jamais connu de ressortie en salles dans l’Hexagone depuis l’an 2000. L’occasion est donc unique : redécouvrir dans les conditions idéales une œuvre qui n’a cessé de grandir dans la mémoire des cinéphiles.
Dernier long-métrage du réalisateur avant sa disparition prématurée en 2007, Yi Yi s’ouvre sur un mariage et s’achève sur un enterrement. Entre les deux, la vie. Celle d’une famille de la classe moyenne taïwanaise confrontée aux secousses intimes du quotidien : NJ, ingénieur quadragénaire, voit sa routine bouleversée le jour des noces de son beau-frère, alors que sa belle-mère sombre dans le coma et qu’une ancienne flamme ressurgit après vingt ans d’absence. Sa femme, son fils et sa fille affrontent eux aussi leurs propres doutes, désirs, chagrins et espoirs. Chaque personnage, à son rythme, cherche un sens, une voie, un souffle.
Avec sa mise en scène élégante, Edward Yang tisse une fresque intime et universelle où le moindre geste, le moindre regard, deviennent porteurs d’émotion. Près de trois heures durant, Yi Yi épouse le flux de l’existence avec une douceur et une acuité bouleversantes. Le film avait valu à Yang le prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2000, consacrant une approche aussi rigoureuse que sensible de l’image et du récit.
À travers ce film choral, le cinéaste interroge le passage du temps, les liens familiaux, la mémoire, et la possibilité de se réinventer. D’une justesse et d’une pudeur exceptionnelles, Yi Yi est de ces œuvres qui ont su toucher le cœur des cinéphiles.