Le cinéma de Hong Kong continue de traverser une période difficile. Avec un marché local en berne, la plupart des sociétés de production adoptent une attitude prudente et reportent leurs projets, quand elles ne cherchent pas des financements alternatifs pour se lancer. Dans ce contexte, le Hong Kong Film Development Council et son Film Development Fund apparaissent comme des soutiens essentiels, permettant à des réalisateurs et producteurs de maintenir un certain dynamisme.
L’un des exemples les plus parlants reste celui de City of Darkness. Le film a été un succès retentissant l’année dernière à Hong-Kong et en Chine. Son producteur Wilson Yip et son réalisateur Soi Cheang ont naturellement déposé un dossier pour leur nouveau projet, Non-Human. Le Film Development Fund a validé une aide de 9 millions HK$, en octobre dernier. À ce jour, aucun casting ni pitch officiel n’a encore été annoncé pour ce film, même si on parle de la présence de Louis Koo et Aaron Kwok au casting.
Ce soutien n’est pas un cas isolé : en parallèle, le fonds a aussi débloqué 8,95 millions HK$ pour l’organisation d’une exposition consacrée aux décors de City of Darkness, et accordé 1,2 million HK$ pour City of Darkness: The Story of Shin, un spin-off centré sur le personnage incarné par la révélation du premier film, Terrance Lau prévu pour une diffusion en streaming. La confiance affichée envers l’univers de City of Darkness souligne à quel point les autorités considèrent ce succès comme un tremplin stratégique pour le cinéma hongkongais.
L’univers ne compte pas s’arrêter là. Raymond Lam a récemment révélé qu’il suivra deux mois d’entraînement début 2026 en vue de reprendre son rôle dans les suites, que réalisera à nouveau Soi Cheang : The Final Chapter, qui suivra dans les années 1990 la chute de la Cité et les nouvelles batailles de Chan Lok-Wan, Shin, Twelfth Master et AV ; et Dragon Head, un retour dans les années 1950 sur le destin de Lei Zhentong et de son frère Chen Zhan, réfugiés dans la Cité jusqu’à leur rencontre avec le mystérieux combattant surnommé « Cyclone ».
Mais la surprise est venue d’ailleurs : le Film Development Council a validé une subvention encore plus importante pour un projet d’un tout autre registre. Le réalisateur Clifton Ko, qui n’avait pas tourné depuis sept ans, a obtenu 10 millions HK$ pour son prochain film Kung Fu Juniors, une somme supérieure à celle accordée à Soi Cheang.
Cette décision s’explique par un nouveau dispositif : le Film Production Grant Scheme for Promoting Chinese Culture, conçu pour encourager l’intégration des éléments culturels traditionnels chinois dans les productions hongkongaises. Kung Fu Juniors, qui mettra à l’honneur la culture et le kung fu du Lingnan (province du Guangdong), entrait parfaitement dans ce cadre. Le projet a déjà démarré son tournage à Foshan, avec Sammo Hung en tête d’affiche et une sélection de jeunes acteurs locaux.
Dans le même esprit, Mabel Cheung a obtenu une enveloppe équivalente de 10 millions HK$ pour The Butterfly Bone. La célèbre réalisatrice a expliqué vouloir retracer l’histoire des tout premiers étudiants en médecine occidentale du Hong Kong College of Medicine for Chinese, précurseur de l’Université de Hong Kong, intégré à celle-ci en 1912 pour devenir sa faculté de médecine. Parmi ces premiers diplômés figurait Sun Yat-sen, père fondateur de la Chine moderne. En s’appuyant sur ce récit, Cheung ambitionne de rappeler comment Hong Kong a été un terreau intellectuel et réformateur au tournant du XXe siècle.
Entre la mise en avant de franchises populaires comme City of Darkness, et le soutien à des projets centrés sur la transmission culturelle, le gouvernement de Hong Kong tente d’orchestrer un équilibre délicat : préserver la vitalité commerciale de son cinéma tout en réaffirmant son ancrage dans l’héritage chinois. Reste à voir si ces stratégies suffiront à redonner confiance à une industrie en quête d’un nouveau souffle.
« Le film a été un succès retentissant l’année dernière à Hong-Kong et en Chine »
Le problème c’est que la grosse partie des recettes brutes du film venaient de Chine « continentale », et là, c’est pas du moitié pour toi moitié pour moi mais 2/3 pour les distributeurs/exploitants et 1/3 pour les autres.
Malgré de bonnes ventes hors Asie (mais des sorties cinéma catastrophiques en France, aux USA,…), je doute que le restant de la trilogie et le spin-off puissent tous se faire…ou gagner autant d’argent que ça.
Un des producteurs du film a également déclaré que sans les investissements de producteurs de Chine « continentale », le film n’aurait jamais pu se faire. Dans le genre cinéma 100% Hong Kong, il y a eu des exemples plus probants.
Quant aux sommes mentionnées ci-dessus, elles sont ridicules par rapport aux budget du 1er City of darkness (65M$ US hors promo, c’est un poil plus que quelques M$ HK).
Quant au cinéma de Hong Kong, les films de la Shaw Brothers, de l’ex Golden harvest, de Golden Princess (dont les droits d’exploitation de tout son catalogue ont été achetés à coups de M$ par Shout! Studios pour des sorties BD, 4KUHD, streaming et cinéma) et Cie continuent de faire largement plus d’argent que tout le cinéma HK post 1997. Dur mais vrai.
Pas faux. Les producteurs des suites pourront compter sur les investisseurs de Chine continentale vu le succès du 1ᵉʳ. D’autres n’auront plus cette chance, en raison de la baisse des investissements après des bides comme Customs Frontline.