Le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (FEFFS) dévoile la programmation de sa 18ᵉ édition, qui se tiendra du 26 septembre au 5 octobre 2025, et une chose est claire : l’Asie y occupe une place de choix. Japon, Corée du Sud et… la Chine. Autant de cinématographies qui viendront électriser Strasbourg avec des propositions audacieuses et diversifiées.
L’événement majeur côté chinois est sans conteste Trapped. Un titre que j’avais déjà souvent mis en avant en avril dernier, lors de l’annonce de sa sortie en salles en Chine, tant son potentiel semblait évident. Seul représentant de la Chine dans la sélection, ce film est signé Qi Zhang, un cinéaste qui a d’abord fait ses armes comme monteur auprès de géants du cinéma local. Il est le monteur du superbe Youth de Feng Xiaogang et Gone with Bullets de Jiang Wen, deux fresques marquantes de cette dernière décennie. Avec Trapped, il signe un thriller à la croisée du film policier et du western, ancré en 1995 dans un village désertique où trois policiers, armés d’un seul revolver, doivent affronter quarante-quatre criminels lancés à la recherche d’un trésor. Une tempête de sable cataclysmique vient encore resserrer l’étau dramatique. Sobre, tendu, remarquablement mis en scène, le film a déjà été remarqué pour son écriture précise et ses personnages nuancés. Loin du simple exercice de style, Trapped apparaît comme une œuvre qui impose déjà Qi Zhang comme une nouvelle voix à suivre dans le cinéma de genre chinois.
Le Japon déploie quatre propositions marquantes. Junk World, de Takahide Hori qui confirme son statut de cinéaste unique : après l’incroyable succès de Junk Head (Cigogne d’or à Strasbourg 2021), sa préquelle continue de surprendre avec sa stop-motion flamboyante, son humour noir ravageur et son univers apocalyptique fascinant. Taroman promet quant à lui un trip visuel délirant : un hommage pop au surréalisme et aux séries tokusatsu des années 70 (Ultraman), où monstres outranciers et héros-marionnettes explosent l’imaginaire. New Group installe une angoisse sociale glaçante à travers un rituel lycéen absurde : deux adolescents rebelles forcés de former une pyramide humaine deviennent des proies parce qu’ils refusent de participer à ce rituel absurde. Enfin, The Curse, coproduction entre le Japon et Taïwan, revisite la J-Horror à l’ère d’Instagram et TikTok : malédictions numériques et satire sociale se croisent dans une mise en scène acide et percutante. Enfin, ChaO apporte une touche d’animation inédite : dans un monde où humains et poissons cohabitent, la vie de Stephan bascule lorsqu’il reçoit une demande en mariage de la princesse sirène ChaO. Signé par Eiko Tanaka, ex-productrice du studio Ghibli et fondatrice du Studio 4°C (Mind Game, Amer Béton, Mutafukaz), ce long métrage dessiné à la main — plus de 100 000 dessins — se présente comme une comédie d’action survoltée, hymne joyeux à la différence et aux liens entre les espèces.
La Corée du Sud trouve aussi sa place avec trois films puissants. Noise fait de la pollution sonore urbaine son terrain de jeu angoissant : une jeune malentendante part à la recherche de sa sœur disparue et, à travers son appareil auditif, capte des sons étranges et menaçants — un thriller sensoriel où chaque grincement résonne comme une menace. The Old Woman With the Knife dessine le portrait d’une tueuse sexagénaire, à la fois vulnérable et implacable, qui transcende le polar par une profondeur psychologique rare. Gros succès au box-office sud-coréen cette année, Yadang: The Snitch est un polar nerveux et âpre qui voit un informateur piégé dans un réseau de corruption dans une tension constante et un rythme implacable.
Au-delà de ce panorama asiatique, le FEFFS 2025 multiplie les promesses. Le festival s’ouvrira avec L’Homme qui rétrécit, nouvelle adaptation du roman culte de Richard Matheson réalisée par Jan Kounen avec Jean Dujardin, tandis que l’étrange et bouleversant Good Boy, film d’horreur américain vu à hauteur de… chien, s’annonce déjà comme l’une des curiosités marquantes de cette édition. Entre grands noms, jeunes voix et propositions inattendues, le FEFFS s’impose une fois encore comme un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles strasbourgeois.
Retrouvez la programmation complète sur le site officiel du FEFFS.