Tony Leung Ka-fai et Stanley Kwan - Photo : Jiang Huangji / DotDotNews

Confidences de Stanley Kwan et Tony Leung Ka-fai au Golden Rooster Event

Le Hong Kong Special Session du Golden Rooster Film Promotion Event a offert un rare moment de transmission entre deux figures majeures du cinéma de la RAS (Région administrative spéciale) : le réalisateur Stanley Kwan et Tony Leung Ka-fai, venus évoquer le passé, le présent et l’avenir d’une industrie en difficulté mais toujours vibrante de passion.

Pour Stanley Kwan, l’âge d’or de Hong Kong ne se limite pas au grand écran. « Des années 70 à la fin des années 90, tout était un âge d’or : le cinéma, la télévision, la musique », rappelle-t-il, presque avec tendresse. Ce qu’il en retient avant tout, c’est l’énergie d’une époque où la ville foisonnait de talents, au point que « les bons acteurs des années 80 et 90 se comptaient par dizaines ». Puis, le réalisateur glisse vers un constat plus amer : le paysage industriel n’est plus le même, les sociétés capables d’investir dans un film se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une main, et les jeunes cinéastes doivent s’appuyer sur les programmes de subventions du gouvernement pour monter leurs projets. « C’est dur pour eux », lance-t-il aux nouvelles générations.

Kwan convoque alors un souvenir devenu presque légendaire : ses longues nuits de discussion avec Anita Mui sur Rouge, lorsqu’elle l’appelait à trois heures du matin pour parler du rôle, puis de sa propre enfance, de sa mère, de la scène, de sa vie. « Les comédiens ne devraient pas rester à attendre qu’un réalisateur vienne les découvrir : ouvrez-vous à eux », conclut-il.

Face à lui, Tony Leung Ka-fai parle d’avenir. « L’âge d’or du cinéma hongkongais, c’est dans le futur », affirme-t-il sans hésiter. Avec un zeste de provocation, il estime que la véritable mesure d’un âge d’or se trouve dans le public : quand les films battront à nouveau des records astronomiques, quand les spectateurs retourneront en salles une deuxième ou une troisième fois, alors le flux financier suivra, et le renouveau prendra forme.

Leung Ka-fai évoque ensuite son propre parcours, plus de 160 films au compteur. « Qu’un film soit bon ou mauvais, du moment que je ne suis pas mauvais, j’ai vécu 160 vies », dit-il dans un sourire. Pour lui, c’est ce qui a enrichi son existence : la souffrance extrême de certains tournages, puis la satisfaction absolue lorsque le rôle trouve son point d’accomplissement. Après quatre décennies de carrière, il n’a qu’une certitude : « Je suis très heureux. J’ai une vie d’acteur comblée. »

Les souvenirs remontent en vagues, parfois jusqu’aux larmes. Il raconte le tournage de Center Stage de Stanley Kwan, interrompu brutalement lorsque la production annonça que toutes les bobines allouées au film avaient été utilisées. « En larmes, Stanley Kwan nous a dit qu’on ne pouvait plus tourner, que tout était fini alors qu’on n’en était qu’à la moitié ou aux deux tiers. » Ce soir-là, les acteurs l’emmènent dîner et improvisent une réunion : chacun propose d’avancer un peu d’argent pour aider Kwan à achever le film. Leur détermination a permis d’obtenir des bobines supplémentaires dès le lendemain. « Je n’ai jamais connu un tournage qui ne soit pas dur », ajoute Leung Ka-fai. « Les jeunes acteurs doivent affronter la difficulté, se renforcer, se rendre meilleurs. »

Interrogé par l’animatrice sur sa manière de choisir ses rôles, notamment cette année avec The Shadow’s Edge (le 3 décembre dans les salles en France), Tony Leung Ka-fai balaie l’idée d’un choix stratégique. « Je n’ai jamais choisi un scénario. Je ne choisis pas mes partenaires, je ne vais pas vers un film pour un réalisateur. Je suis entré dans ce milieu pour survivre, puis pour faire vivre ma famille. » Il explique que dans cette logique de “transmission”, il ne s’agit pas de sélectionner, mais de continuer, encore et encore, tant qu’il y a du “bois” à brûler. « Même si j’avais joué le même rôle pendant quarante ans, ce ne serait pas grave. En faire 160 différents, c’est déjà énorme. Je suis fier de moi. J’ai encore du bois, alors je peux transmettre la flamme. »

Entre nostalgie et lucidité, la rencontre a rappelé ce que Hong Kong porte encore en elle : un esprit de cinéma qui ne renonce jamais, même face aux tempêtes industrielles, et qui continue de croire à la puissance du collectif.

Le Hong Kong Special Session du Golden Rooster Film Promotion Event est un évènement dans le cadre du festival des Golden Rooster dont la cérémonie de récompenses aura lieu la soirée du 14 novembre à Xiamen en Chine.

À Propos de Tirry

Créateur et rédacteur en chef de Celestial Empire, connu également pour être le tenancier du site Jackie Chan France

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