À l’occasion d’Halloween, le 31 octobre, le public chinois découvrira Her Turn, un premier long métrage de Cheng Yanan.
Cette production n’est pas une création originale mais l’adaptation d’un classique du cinéma britannique : Taste of Fear (Hurler de Peur en France), réalisé en 1961 par Seth Holt et produit par la Hammer, studio mythique du film d’horreur. Her Turn entend revisiter ce récit en l’ancrant dans un cadre culturel chinois et en accentuant la dimension horrifique.
Le nouveau trailer récemment dévoilé s’accompagne d’un avertissement : « Mineurs et personnes cardiaques, prudence recommandée ». Un choix qui, s’il attire l’attention, peut aussi paraître racoleur et jouer davantage sur la promesse du choc que sur la force des images elles-mêmes.
L’histoire met en scène une héritière en fauteuil roulant (Li Gengxi) confrontée à la disparition de son père et au poids d’une immense fortune familiale. Mais la demeure qu’elle a hérité devient rapidement le théâtre d’événements inquiétants : bruits sourds, chandelles soufflées, notes de piano dans l’obscurité. Autour d’elle, les proches deviennent suspects : la belle-mère calculatrice (Deng Jiajia), le chauffeur au comportement trouble (Liu Yitie) et un médecin ambigu (Huang Xiaoming).
Le manoir, élément central du récit, est présenté comme un véritable piège visuel. Des couloirs sans fin, des salles cossues et des pièces scellées composent une architecture labyrinthique.
Le casting réunit plusieurs visages bien connus du cinéma et des séries chinoises. Li Gengxi, révélée au grand public et saluée pour son intensité dans Viva La Vida, confirme son ascension. On la retrouvera d’ailleurs très bientôt dans Resurrection, le nouveau film de Bi Gan attendu le 22 novembre en Chine et le 10 décembre en France. Deng Jiajia s’est illustrée dans le thriller Silent Witness (2013), le whodunit Be Somebody (2021) ou encore le drame Stand By Me (2024), démontrant une palette qui va du suspense au registre plus intimiste. Quant à Huang Xiaoming, acteur très populaire bien qu’il se fasse plus rare sur grand écran, il continue de marquer les esprits à la télévision. On a pu le voir au cinéma sous la direction de Tony Chan dans The Bravest (2019) et Ordinary Hero (2022). Le solide comédien Yang Haoyu complète cette distribution. On l’a vu cette année dans des blockbusters tels que Dongji Rescue et Dead to Rights (attendu en France le 19 novembre), sans oublier The Wandering Earth (2019). Enfin, le jeune comédien Liu Yitie s’est fait remarquer dans Snipers (2022), coréalisé par Zhang Mo et Zhang Yimou, et retrouvera ce dernier en 2024 pour Article 20. Un choix de distribution qui illustre l’ambition du projet et son désir de dépasser le cadre habituel du cinéma d’horreur chinois.
Avec Her Turn, le cinéma chinois affiche une ambition rarement vue dans le registre horrifique. Là où la plupart des productions du genre se contentent de budgets (très) réduits et d’effets faciles pour susciter la peur, ce film réunit un casting nettement plus prestigieux que la moyenne, porté par des comédiens populaires du grand public.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les productions horrifiques chinoises sont courantes, mais elles se présentent le plus souvent sous la forme de petites œuvres, diffusées aussi bien en salles que sur les nombreuses plateformes de streaming locales. L’an dernier à la même période, Ying Yang Mansion (connu sous le titre Yuanyang Lou) avait créé la surprise en réussissant à se maintenir plusieurs semaines dans le top 10 du box-office hebdomadaire, une performance rare pour le genre. Pourtant, le public chinois reproche fréquemment à ces films leur manque d’inventivité et des mécanismes narratifs trop répétitifs.
Reste à voir si Her Turn saura rompre avec cette tendance et s’imposer comme une proposition plus ambitieuse.
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