On rattrape aujourd’hui la sortie du film Illuminant Object, sorti en Chine le 31 octobre dernier, le même jour que notre panorama du cinéma d’horreur chinois publié à l’occasion d’Halloween.
Réalisé et écrit par Zhao Yu dont c’est le premier long-métrage, le film s’inscrit dans la veine du found footage et du thriller surnaturel. Il met en scène Xiao Shenyang (Ride On), principalement connu pour ses rôles comiques, ici dans un registre radicalement différent.
L’histoire se déroule dix ans après une mystérieuse affaire survenue à Xiangshan, où un phénomène lumineux inexpliqué avait entraîné plusieurs disparitions. Le protagoniste, Zhang Peng (interprété par Xiao Shenyang), revient sur les lieux pour tenter de comprendre ce qu’il s’est réellement passé. Peu à peu, son enquête le plonge dans un espace où se mêlent réalité, hallucination et perte de repères.
Tourné en caméra portée, Illuminant Object adopte les codes du documenteur : témoignages contradictoires, images instables et interférences visuelles censées renforcer l’impression de réel. Le film exploite les décors humides et brumeux du sud-ouest chinois, dont le site 816, un vaste complexe souterrain construit à partir de 1966 dans la région du Chongqing pour abriter un projet secret d’usine nucléaire. Abandonné avant son achèvement, le lieu, composé de tunnels, salles de contrôle et cavernes creusées à même la montagne, est aujourd’hui ouvert au public et souvent utilisé comme décor pour des tournages cherchant une atmosphère industrielle et claustrophobe.
Le found footage s’avère d’ailleurs un terrain de jeu idéal pour le cinéma d’horreur chinois contemporain. Son esthétique “réaliste” permet d’éviter toute représentation explicite de fantômes, et donc de contourner la “no ghost policy”, qui interdit la mise en scène d’éléments surnaturels présentés comme réels. En cadrant l’histoire à travers des dispositifs de captation, caméra amateur, documentaire fictif, ou enquête journalistique, le film peut ainsi jouer sur l’ambiguïté : ce qui est filmé n’est pas nécessairement “vrai”, mais perçu comme tel. Cette stratégie avait déjà été employée avec succès par The Possessed (2016) de Ma Kai, un autre faux documentaire remarqué pour son approche réaliste et son usage minimaliste de la peur, évoqué dans notre dossier sur le cinéma d’horreur chinois.
Au-delà de ses effets de tension, Illuminant Object prolonge donc cette veine du fantastique réaliste, où l’angoisse naît moins de l’apparition que de l’incertitude – celle de ne plus distinguer le réel de la fiction.
Distribué sur le réseau national Art Film Alliance, Illuminant Object est actuellement à l’affiche dans plusieurs cinémas de Chine continentale.
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