Pour marquer le 40e anniversaire de la sortie de Shanghai Blues, une restauration 4K du film de Tsui Hark sera projetée au Festival de Cannes dans la section « Cannes Classics » ce vendredi 17 mai en la présence de l’actrice principale Sylvia Chang.
Tsui Hark et la productrice Nansun Shi (épouse du cinéaste) ont supervisé la restauration 4K du négatif original, en collaboration avec Immagine Ritrovata. La piste audio du film a intégralement été remixée par le studio One Cool Sound. Le comédien Kenny Bee a notamment refait le doublage de son personnage pour l’occasion.
Situé à Shanghai en 1937, Tung, un soldat (Kenny Bee) croise la route de Shu, une jeune femme (Sylvia Chang) sous un pont lors d’un raid aérien japonais et ils jurent de se rencontrer après la fin de la guerre. Plusieurs années plus tard, Tung est un auteur-compositeur en devenir. Tandis que Shu se débrouille seule en tant que showgirl dans une boîte de nuit. Stool, une jeune fille à la recherche de sa famille, croise le chemin de Shu, qui l’accueille chez elle. Les deux jeunes filles nouent bientôt une relation étroite et fraternelle. Par un coup du sort, Tung s’installe dans le même immeuble que les deux femmes. Stool tombe amoureuse de Tung. Pendant ce temps, Tung et Shu sont attirés l’un par l’autre, sans savoir qu’ils se sont déjà rencontrés.
Alors que Film Workshop annonçait fièrement la nouvelle, le réalisateur YonFan, par l’intermédiaire de son avocat, a envoyé une lettre à l’autre partie, réitérant que le contexte historique du film, l’histoire et le développement des personnages étaient tous des créations originales de son fait.
Écrit officiellement à trois mains par John Chan, Chuek-Hon Szeto et Raymond To, le réalisateur Yonfan a expliqué au magazine culturel de Hong-Kong, The Culturalist, avoir donné verbalement l’autorisation à Tsui Hark et Nansun Shi de tourner le film.
« Il y a 41 ans, j’ai écrit Shanghai blues, mais je n’ai jamais eu la chance de dire au monde que j’en étais l’auteur. Tsui Hark n’a jamais évoqué le lien qui existe entre le film et moi. Si j’avais dit que le scénario de Shanghai Blues était de moi, tout le monde penserait que le scénario était mal écrit ».
Dans la lettre, Yonfan a non seulement divulgué l’engagement verbal qu’il avait pris à l’époque, mais a spécifiquement stipulé que « Shanghai Blues ne doit pas donner lieu à des remakes, des séries télévisées ou quoi que ce soit d’autre sans le consentement du créateur original ».
Le but de la lettre d’avocat et de faire savoir au monde qu’il est l’auteur original du film. Cependant, le vétéran cinéaste modère au micro de The Culturalist :
« Shanghai Blues sera bien entendu réédité en 4K. Mais Je ne demande aucun dividende ni aucune rémunération. J’ai verbalement accepté que Tsui Hark et Nansun Shi fassent le film et je n’ai demandé aucune rémunération ».
Sur le film de Tsui Hark en lui-même, Yonfan a révélé ne pas y voir ses sentiments :
« Eh bien, je peux seulement dire que c’est un résumé de l’histoire que j’ai écrite, mais ce n’est pas ma vision. Mais qui veut voir le point de vue de Yonfan ? Ce n’est pas étonnant que Tsui Hark n’ait jamais mentionné ma relation avec Shanghai Blues. En 40 ans, il a toujours été un réalisateur commercial ».
Reste à savoir si Yonfan réalisera un jour sa propre version de son histoire. Et à ce sujet, il est catégorique :
« Bien sûr que non. Mais tout remake, série télévisée ou représentation sur scène doit être approuvé par moi, et non par Tsui Hark, Nansu Shi ou Film Workshop. Mon principal objectif est de déclarer à tout le monde que Yonfan détient les droits d’auteur intellectuels de Shanghai Blues ».
Vous l’aurez compris, Yonfan ne souhaite pas gâcher la fête. Pour autant, le Festival de Cannes n’a toujours pas rectifié le tir en mentionnant le nom du cinéaste au scénario du film de Tsui Hark.
Pour rappel, Yonfan est un réalisateur vétéran du cinéma de Hong-Kong. Il est connu pour ses films romantiques. Il a débuté sa carrière en 1984 avec le film A Certain Romance. Son second film, Lost Romance, réunit pour la première fois à l’écran Chow Yun-Fat et Maggie Cheung, fraichement popularisé grâce au Police Story de Jackie Chan. En 1998, il réunit les nouveaux venus Stephen Fung, Daniel Wu et Shu Qi pour Bishonen, un film sentimental sur le questionnement de l’orientation sexuelle chez les jeunes adultes. En 2001, il réalise la romance musicale Peony Pavillon avec Joey Wong, l’actrice japonaise Rie Miyazawa et une nouvelle fois Daniel Wu.
En 2019, Yonfan a reçu le prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise pour son dernier film en date, No.7 Cherry Lane, un film d’animation… romantique évidemment.