Le week-end dernier, Yu Dong, président de Bona Film et producteur du blockbuster chinois Operation Hadal, a pris la parole sur les réseaux sociaux pour exprimer son indignation face à des pratiques toxiques dans le paysage cinématographique chinois.
Depuis sa sortie en salles le 1er jour du Nouvel An chinois, Operation Hadal n’a rapporté que 37 millions de dollars, enregistrant ainsi le plus faible score parmi les films lancés à cette période.
Dans un message percutant, Yu Dong a pointé du doigt les cercles de fans qui, selon lui, sabotent volontairement la réputation des films concurrents en leur attribuant de mauvaises critiques et des notes exagérément basses sur des sites internant comme Douban, sorte d’Allociné chinois.
Un phénomène déjà rencontré avec Hidden Blade
Yu Dong a rappelé que ce n’était pas la première fois qu’il était confronté à ce type de stratégie de dénigrement. Lors de la sortie de Hidden Blade durant le nouvel an chinois 2023, le film avait reçu des dizaines de milliers de critiques négatives d’une étoile dès son premier jour d’exploitation, provoquant sa chute au box-office (138M$ tout de même, mais loin des scores colossaux de Full River Red et The Wandering Earth II).
« Soyons honnêtes, Hidden Blade mérite-t-il vraiment de n’obtenir que 6,6 sur Douban ? », a-t-il interrogé, mettant en doute l’objectivité de ces notations. En effet, le film d’Er Cheng avec Tony Leung Chiu-Wai (magistral) est un thriller d’espionnage historique au suspense haletant et à la mise en scène brillante qui frôle le chef-d’œuvre. Il est évident que cette note ne reflète pas la qualité intrinsèque du film.
Tout porte à croire que cette attaque ciblée provient de cercles de fans de Jackson Yee, star du boys band TFBoys, qui jouait à la même période dans la superbe fresque historique Full River Red de Zhang Yimou. En face, Hidden Blade mettait également en vedette Wang Yibo, lui-même membre du boys band UNIQ. Il est aisé d’imaginer que leurs communautés de fans, souvent engagées dans une rivalité acharnée, se soient livrées à une guerre numérique, sabotant la réputation du film adverse plutôt que de soutenir leur favori de manière constructive.
L’attaque contre Operation Hadal
Aujourd’hui, c’est Operation Hadal qui fait face à ce type de pratique. Yu Dong dénonce une nouvelle vague de notes minimales attribuées non pas sur la base d’une analyse objective du film, mais par pure rivalité entre fans. « Hier, j’ai dit que la note d’une étoile était entièrement de mauvaise foi », a-t-il déclaré. « Elle visait le comportement irrationnel de ce genre de fandom. »
Pour Yu Dong, ces pratiques sont non seulement injustes, mais elles détournent l’énergie des fans vers des comportements négatifs plutôt que de servir à promouvoir positivement leurs films favoris. « Tout acteur a à cœur de satisfaire son public. En tant que fans, ils devraient se concentrer à faire une publicité positive, au lieu de dépenser de l’énergie négative pour donner une étoile aux films du concurrent. C’est injuste et ce n’est pas un comportement digne. »
L’une des rumeurs colportées pour nuire à Operation Hadal a même été d’affirmer que le film serait retiré des salles, ce qui est totalement infondé. Cette désinformation a contribué à semer le doute chez le public et à affaiblir la carrière du film dès ses premiers jours d’exploitation.
Un appel à la résistance et à l’objectivité
Face à cette situation, Yu Dong appelle le public à exprimer une opinion sincère et à se détacher des querelles stériles entre fans. « Nous acceptons humblement les critiques objectives et rationnelles », a-t-il affirmé. « Mais face aux critiques négatives malveillantes des fans, nous nous battrons jusqu’au bout. »
Malgré les obstacles rencontrés, le producteur assure qu’Operation Hadal restera en salles et poursuivra son exploitation : « Operation Hadal ne sera jamais retirée ! »
Cette prise de position de Yu Dong relance le débat sur l’influence des cercles de fans et leur impact sur l’industrie cinématographique chinoise. Si le système de notation en ligne est censé refléter l’avis du public, il semble que, de plus en plus, il soit manipulé à des fins pseudo-stratégiques, au détriment des films et des stars eux-mêmes. Une réflexion s’impose sur la régulation et la fiabilité de ces plateformes, afin de garantir une évaluation plus juste et transparente des œuvres cinématographiques.
Si on devine aisément qu’il s’agit de pratiques purement puériles, en grande partie perpétrées par des adolescents ou des personnes tout simplement négatives, incapables de se concentrer sur les choses positives, ce phénomène ne fera que renforcer le rôle des influenceurs, qui deviennent une source d’opinion plus fiable, car non dépendants d’une moyenne désormais faussée.
Un enjeu majeur pour Bona Film